Le Syndicat des Employés de l’Institut (SEI) de l’Institut Français du Japon à Tokyo, branche de Tozen, a adressé à la direction de l’Institut Français du Japon (IFJ), un avertissement d’entrée en dispute officielle, qui prendra effet le 26 février 2016 au soir, si la direction ne revient pas sur ses projets de précarisation générale des conditions de travail. La dispute officielle au Japon est l’étape légale nécessaire pour pouvoir conduire des actions syndicales telles que manifestations, tractages et grèves.
Le litige porte sur trois revendications du SEI, dont aucune n’a abouti après de longs mois de discussions. Le gros du problème vient de la prochaine entrée en vigueur de la loi sur les 5 ans au Japon. Cette loi, votée en 2013, permettra à tout employé, à temps plein ou temps partiel, qui aura été employé plus de 5 ans au 1er avril 2018 ou après, d’obtenir un CDI sur sa simple demande. Cette loi a pour but de lutter contre les usages abusifs des contrats à durée déterminée renouvelés ad vitam aeternam qui sont le lot de la plupart des enseignants de langue étrangère au Japon, et donc de la plupart des employés de l’Institut Français du Japon.
Afin ne pas s’encombrer de nombre d’employés qui deviendraient ainsi permanents officiellement, la plupart des enseignants ayant plus d’une décennie d’ancienneté l’étant pourtant déjà de facto, la direction de l’IFJ a trouvé une stratégie éculée : baisser les salaires dès avril 2015, passer à des contrats de 6 mois dès octobre 2016, et le tout en prétendant que la possible proposition d’ici fin 2017, d’un nouveau contrat à durée et contenu indeterminés devrait satisfaire les employés, probablement pour pousser ses employés vers la sortie.
De plus, voulant le beurre et l’argent du beurre, la direction prétend qu’elle a le droit à une clause d’exclusivité pour ses employés à temps partiel (la quasi-totalité des enseignants étant à temps partiel), et cela en contradiction avec leur droit garanti par la constitution japonaise et les droits de l’homme les plus élémentaires à la liberté du travail. Une clause d’exclusivité ne peut en effet être valide que pour des travailleurs à temps plein, et prétendre qu’elle s’applique à des travailleurs à temps partiel est un retour à des pratiques d’Ancien Régime.
Que nenni! L’IFJ veut donc baisser les salaires, ce qu’il a commencé à faire avec les nouveaux contrats depuis avril 2015, faire passer en octobre 2016 tout le monde à des contrats de 6 mois parce que un an c’est trop long et trop stable, et avoir le droit de dire à ses employés à temps partiel s’ils peuvent ou non travailler ailleurs pour subvenir à leurs besoins dans la ville la plus chère au monde. Les trois revendications du SEI sont donc : un, le retrait de ces contrats de 6 mois et l’emploi permanent pour tous ainsi que le prévoit la loi; deux, l’annulation de la nouvelle grille salariale; et trois, l’annulation de la clause d’exclusivité qui est illégale.
Pour rappel, l’Institut Français de Tokyo n’est pas en déficit et les employés avaient déjà accepté une baisse de salaire de 15% suite aux catastrophes de mars 2011 et à la baisse de fréquentation qui s’en était suivie.
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